Brad Stevens a accompli quelque chose que même Gregg Popovich des San Antonio Spurs n’a pas réussi : son équipe s’est améliorée chaque année depuis son arrivée il y a cinq ans.
Les Celtics de Stevens sont maintenant sans doute prêts à concourir pour le titre. Les bookmakers de Las Vegas les placent actuellement deuxièmes favoris, après – évidemment – les Golden State Warriors.
Si l’on se réfère aux trophées Larry Brown, Popovich éclipse largement Stevens. Son équipe a gagné cinq titres, alors que Stevens est à la poursuite de son premier. Mais le coach de 41 ans semble parti pour rester au niveau pro du basket pour un bon moment.
Stevens a débarqué sur Causeway Street (ndT : la rue au pied du TD Garden) le 3 juillet 2013, après avoir achevé une carrière remarquable à l’Université de Butler. Ayant récemment fêté le cinquième anniversaire de son arrivée à Boston, il s’est assis avec le Eagle Tribune pendant près d’une heure pour discuter sur de nombreux sujets : de son enfance à l’âge adulte, en passant bien sûr par les Celtics.
Des portions de l’interview ont été éditées dans un souci de clarté.
Nous avons entendu beaucoup d’histoires à propos de vous et de l’Université de Butler. Parlez-nous de votre vie avant Butler, du fait de grandir dans l’Indiana, de vos parents et de comment ils vous ont modelé.
Et bien, pour commencer, mes parents sont divorcés. C’est arrivé quand j’avais environ 22 ans. Mon père s’est remarié. Il est à Indianapolis. Ma mère s’est aussi remariée et vit en Floride. Je ne les vois pas aussi souvent que je le voudrais, mais je les vois assez régulièrement puisqu’ils viennent assister à quelques matchs tout au long de l’année.
Mon père était un athlète au lycée, il jouait au baseball et au football. Il a continué le football à l’Université d’Indiana et a grandement contribué à mon éducation sportive, en m’emmenant à des matchs et en étant coach de mes équipes de Little League. Il était chirurgien orthopédiste pédiatrique. Donc, vous savez, à chaque fois qu’un enfant se cassait le poignet, la cheville, ou quoi que ce soit, ils venaient à notre porte, et il les prenait en charge, même le dimanche, et leur faisait un plâtre ou je ne sais quoi.
Ma mère a été professeure au lycée à une époque, mais je l’ai surtout connue professeure à l’Université. Elle enseignait tout, de la sténographie à la saisie au clavier ou encore aux cours d’introduction à l’informatique.
Les deux sont vraiment fiers de leurs carrières. Tous deux, et je le pense d’une bonne manière, demandaient une vraie éthique de travail, exigeaient de se mettre en retrait, de bosser et essayer d’être le meilleur possible, et de pouvoir être fier de ce qu’on faisait. J’ai eu beaucoup de chance d’être élevé de cette façon.
Vous étiez employé quand une offre de bénévole dans le basketball à Butler s’est présentée. Le basket était évidemment une partie importante de votre vie : Indiana et le basketball vont ensemble. Êtes-vous en quelque sorte tombé dans cette frénésie ?
Oui, je pense que dans cet État le basketball est le premier sport qui attire, puis bien sûr le football. Mais c’est une grosse partie de l’identité de l’État. Comme on dit, ‘dans 49 États, c’est juste du basket versus Indiana’. En tant qu’enfant, on adopte cet héritage. C’était un des maillons de la communauté. Ce que chacun faisait les vendredis et samedis soirs, c’était d’aller aux matchs du lycée. Quand le tournoi d’État des lycées arrivait, c’était aussi magique qu’aller à un match d’Université ou professionnel.
Donc j’ai joué au lycée là-bas, à l’Université la bas (à l’Université DePauw), puis j’ai eu assez de chance de pouvoir sauter dans le wagon Butler avec coach Thad Matta en tant que bénévole après avoir quitté Eli Lilly.
J’avais 22 ans. Je travaillais en tant qu’associé marketing. J’ai eu la chance d’être embauché avant que mon année senior ne débute, donc j’ai accepté ce travail à Lilly. J’avais fait un stage là-bas. C’était une entreprise du « Fortune 500 ». De nombreux parents d’enfants avec qui j’ai grandi travaillaient là-bas et menaient des vies aisées, et je trouvais ça plutôt alléchant.
Puis, une fois au milieu de tout ça, je me suis rendu compte que je voulais vraiment donner une chance au basket. Beaucoup de facteurs sont rentrés en compte, mais l’aspect compétitif a énormément joué. Avoir un tableau de score et faire partie d’une équipe, ce sont probablement les deux éléments qui m’y ont fait revenir.
Votre petite amie Tracy, qui est maintenant votre femme, a manifestement joué un grand rôle dans l’histoire. Il semble qu’elle a été un vrai point d’ancrage pour vous, lorsque vous avez pris la décision de passer du monde de l’entreprise américain à un poste d’assistant bénévole ?
Et bien, c’était une décision qu’elle a réellement soutenue, et à ce moment, elle travaillait pour une organisation à but non lucratif à Indianapolis mais avait aussi envie d’étudier le droit. Je pense que l’idée que je me lance dans le coaching et qu’elle retourne à l’école, ça collait bien sur le coup.
Le côté positif pour elle, c’est qu’elle a pu retourner à Cleveland, d’où elle vient, pour aller dans une école de droit durant les deux premières années, à Case Western. À ce même moment, sa mère se battait contre un cancer, donc elle a pu vivre avec elle pour deux de ses dernières années a vivre, ce qui était, avec le recul, une raison bien particulière de prendre ces décisions.
Donc j’avais des horaires typiques de jeune coach, et elle travaillait d’arrache-pied à l’école de droit, et on prenait la voiture pour se retrouver à mi-chemin : ou j’allais la voir pour un week-end, ou elle venait à Indianapolis pour un match et un long week-end. On a fait en sorte que ça marche. Mais, en y repensant, ce n’était pas facile.
Votre connexion avec Butler est particulière. Pouvez-vous expliquer la « Butler Way », un terme qu’on utilisait déjà avant que vous deveniez entraîneur en chef là-bas ?
L’administration de l’école, l’administration athlétique, les coaches, les étudiants et les étudiants athlètes sont particulièrement en phase sur le fait que ce que nous concevons comme une excellente expérience étudiante fait appel aux bonnes choses. J’ai eu beaucoup de chance de travailler pour des personnes qui nous appréciaient autant à l’époque nous n’étions pas qualifiés au tournoi NCAA qu’une fois que nous étions rendus au Final Four. C’était une expérience formidable.
C’était un apprentissage incroyable, mais je pense que le cœur de tout ça, c’est ce fonctionnement harmonieux basé sur ce que Butler appelle un ensemble de valeurs partagées. Je pense que toutes les grandes organisations ont leur recette secrète, qui repose sur les fondations d’une culture construite au fil du temps, et ce n’est pas différent à Butler.
Ça n’a peut-être pas été toujours défini de la même façon. Tony Hinkle est passé par là, a coaché dans tous les sports et aujourd’hui, c’est un membre Naismith Hall of Fame, un des plus grands noms dans le basket de l’Indiana. Puis il y a eu Barry Collier. Quand il a pris la relève en 1989, Butler venait de vivre des années difficiles. À peu près à la moitié de sa carrière là-bas, il a posé les bases, en termes de valeurs et de vision, suite à une réunion avec Dick Bennett. C’est drôle, car ces valeurs sont les mêmes que Tony Bennett (le fils de Dick Bennett) applique à l’Université de Virginie.
À partir de cet instant, on a en quelque sorte cessé de concevoir les choses uniquement en se disant ‘je vais coacher les gars comme ceci, comme cela’ mais en faisant aussi en sorte de recruter et prioriser les bonnes choses en dehors de ça.
Quand je repense à votre carrière à Butler, je pense aux finales NCAA et à Gordon Hayward. Pouvez-vous nous raconter une histoire à propos d’Hayward lorsqu’il était adolescent ?
Le truc avec Gordon, c’est qu’il était très bon joueur de tennis. Il s’est engagé avec Butler le 1er juin, avant sa dernière année de lycée, sans avoir joué au basket de l’été. Il a seulement joué au tennis, et il s’est préparé pour gagner le titre au championnat d’État de tennis. En fait, je crois qu’il est allé loin cette année-là, il a eu une bonne année. Je ne sais pas où il a fini dans le tournoi, mais il n’a pas gagné le titre.
Niveau basket, Gordon a commencé sa dernière année de lycée plutôt lentement. Il était très bon. On pouvait voir qu’il avait un énorme potentiel, mais on ne pouvait pas imaginer ce qu’il allait donner quand mars est arrivé, quand le tournoi d’État a débuté. Il a atteint un autre niveau, et d’un coup il ressemblait au meilleur joueur de l’État. On pouvait voir que Butler s’apprêtait à récupérer un joueur d’exception.
Quand vous regardez un gamin comme Hayward, que recherchez-vous en projetant une éventuelle star universitaire ?
Gordon a réussi à faire ce qu’il fallait. Il a grandi dans son corps. Il faisait 1,85m quand il était freshman au lycée. Pendant sa troisième année de lycée, je l’ai vu jouer cinq, six, ou sept fois qu’il ne s’engage le 1er juin. Il ne cessait de grandir, et puis il faisait des choses pendant les workouts ou les matchs qui te font dire ‘wow, il a énormément de potentiel’ – plus d’un point de vue athlétique que d’un point du vue du talent.
C’est un bon shooteur, un joueur intelligent. Mais ce n’était pas un shooteur remarquable à cette époque. Puis, en mars de sa dernière année de lycée, quand il y avait la pression supplémentaire et ces salles combles pendant le tournoi d’État, et qu’il porte l’équipe – une très bonne équipe – sur son dos contre les meilleurs des meilleurs de cet État, et qu’il les bat tous jusqu’au titre, c’est là qu’on a su qu’il possédait les capacités physiques et le mental pour être bon.
Mais il a aussi les tripes et la ténacité, toutes les choses qui séparent les bons des très bons.
Qu’en est-il de son passage à Butler, avant qu’il parte pour la NBA, quand il a aidé l’équipe à atteindre la finale du championnat NCAA deux fois de suite ?
C’était un garçon plutôt fin, donc nous nous inquiétions sur comment il supporterait l’aspect physique du jeu, et ces questions ont trouvé rapidement une réponse. À la fin de son troisième ou quatrième entrainement à l’université, nous l’avons mis des situations avec sept secondes au chrono sur tout le terrain, ou deux secondes sur le côté, ou une seconde ligne du fond, remise en jeu, et caetera. Et dans les quatre situations, Gordon n’a jamais fui le contact et a accompli l’action qui nous a offert un bon tir sur chacune d’entre elles.
Que ce soit lui qui prenne le tir, ou qu’il mette un coéquipier en position pour un bon tir, il n’était jamais perturbé par l’aspect physique des fins de match. C’était un autre indicateur qu’il allait bien être – qu’il allait continuer à être – ce que l’on avait décelé en lui, et qu’il aurait une chance de jouer en NBA.
Le sport professionnel, c’est presque 365 jours par an pour les athlètes et les coachs. Aujourd’hui, vous conduisez votre fils et son ami à un camp de basket à quelques heures d’ici, mais je suppose qu’il y a certains de vos assistants aux Celtics qui travaillent en ce moment même à régler votre défense pour affronter les Golden State Warriors. Comment trouvez-vous l’équilibre entre être un coach professionnel et les attentes qui en découlent ?
C’est beaucoup plus simple chez les pros. Tous les coachs professionnels vous le diront – et des coachs universitaires me le demandent tout le temps – la saison est certes longue, mais vous savez exactement comment est le calendrier à sa sortie. Donc, nous savons quand nous serons à la maison et quand nous ne le serons pas. Nous savons quand sont nos longues séries à domicile, et quand nous avons besoin de prendre une bouffée d’air frais, passer du temps avec nos familles pendant la saison.
Je n’ai jamais été ce genre de gars qui reste au bureau jusqu’à 2h du matin, qui se lève à 5h, retourne travailler et ne voit jamais sa famille. J’aime me réveiller avec mes enfants. J’aime les voir partir à l’école. Ma fille y va encore à pied, et je l’accompagne souvent. Puis, je reviens le soir –lorsque nous sommes à la maison – pour dîner.
Il y a toujours du travail à faire. Je pense que l’une des choses que j’ai rapidement apprises dans le coaching, c’est qu’il ne faut pas en faire beaucoup plus. Tu fais ton travail et tu fais passer ta famille en priorité. Puis, l’été, c’est juste plus simple pour les pros. Tu as un court moment de calme après la Summer League. Un groupe de gars commence à revenir dans les parages. Je vais parfois rendre visite à quelques-uns dans une ville ou deux, mais la plupart du temps, je dirais que je reste avec ma famille, afin de recharger les batteries et me préparer pour la saison suivante.
Et à l’Université ?
A l’université, tu recrutes, tu reçois des directives, tu dois être prêt à faire une visite sur le champ. C’est juste un challenge différent, mais il y a des avantages dans les deux camps, certainement.
Donc je suppose que c’est un bon enchaînement de devenir un coach pro après avoir été un « gros » coach universitaire, où l’on a beaucoup plus de contrôle. Auriez-vous été heureux si vous étiez resté à Butler, à recevoir des offres tous les ans pour rejoindre la Pac-10 ou la Big 10 ?
Je ne me préoccupe pas trop de tout cela. Je veux juste prendre du plaisir à travailler pour de bonnes personnes.
J’ai décidé que je ne coacherai pas dans une autre école. Ce serait trop dur, je pense. Et je crois toujours que Butler, c’est un bon endroit pour être coach de basket universitaire. Encore une fois, j’ai parlé d’harmonie tout à l’heure. C’est tellement crucial et important. Il n’y a pas d’autre endroit qui aime plus le basketball que le centre de l’Indiana, et c’est un bon endroit pour coacher avec des jeunes brillants.
Je savais, et nous savions – ma femme savait, car elle fait partie du conseil d’administration maintenant – que c’est un endroit à part, peu importe ce que les gens peuvent en dire, avec ces histoires de mid-major, high-major, etc. Ces choses n’avaient pas d’importance pour nous. Je ne retiens que le terrain, avec une équipe en train d’essayer de battre tout le monde. Nous n’avions rien à faire des étiquettes. Et en dehors du terrain, nous étions vraiment heureux.
Donc pour quitter ça, il fallait que ce soit un endroit avec une osmose similaire, et que ce ne soit pas une université. Et, évidemment, la tradition des Celtics et leur histoire, c’est très flatteur, mais il fallait aussi en apprendre sur leur gestion, leur vision, ce qu’ils imaginaient comme évolution. J’ai passé beaucoup de temps à discuter avec Danny Ainge, puis j’ai finalement rencontré Wyc Grousbeck et Steve Pagliuca.
Avec Mike et Danny, nous nous sommes ensuite vus, tous les trois. À ce moment-là, j’avais déjà pris ma décision de tenter le coup.
En plus, l’opportunité était énormissime, et il s’est avéré qu’il y a une immense osmose entre tous les décisionnaires, et j’en suis reconnaissant. Mais je reconnais qu’une des raisons pour laquelle j’ai accepté était l’opportunité pour moi d’évoluer et devenir meilleur.
J’avais 36 ans quand j’ai quitté Butler, j’en ai maintenant 41. Donc je me rends compte que j’ai encore un long chemin à parcourir, mais ça fait partie du jeu, pour m’améliorer.
Ainge est une personne intéressante. Il pense différemment. Le fait qu’il vous ai fait venir ici alors que personne ne faisait attention… même quand il a fait venir Doc Rivers, qui était alors un commentateur reconnu, ça aurait pu être risqué. Qu’est-ce qui vous a marqué chez Danny ?
Je ne l’ai pas rencontré jusqu’au jour où j’ai décidé de quitter Butler. Ils sont venus dans la matinée, le 3 juillet, pour me rencontrer, puis ils sont repartis. Mais j’avais parlé avec Danny au téléphone pendant les huit jours auparavant. Donc, je jour où j’ai été embauché, c’était la première fois que je passais réellement du temps avec lui.
Avant cela, je crois que je lui ai serré la main une fois à l’occasion d’un tournoi. Rien de plus qu’un simple ‘Ravi de faire connaissance’.
Je crois que juste après que Doc soit parti, il m’a appelé et m’a demandé si j’envisagerais d’être le nouveau coach, et nous avons beaucoup discuté pendant huit ou neuf jours derrière. A ce moment-là, il en plein transfert de Kevin Garnett et Paul Pierce, donc il avait beaucoup à faire. Mais nous avons discuté presque tous les jours pendant ce laps de temps.
Qu’avez-vous apprécié à propos de vos conversations ?
Il était très honnête lorsqu’il évoquait ce que l’équipe allait être dans l’immédiat, et où il voulait qu’on la mène. A chaque fois que vous regardez les pros, l’université – et maintenant, malheureusement aussi au lycée – les gens changent leur coach rapidement.
Et si on se réfère à l’historique ici, Doc était là depuis neuf ans, c’était un des coachs avec la plus grande ancienneté au même poste de la ligue. Tout le monde parlait de Danny et du travail qu’il a fait avec tant de respect. C’était flagrant aussi, dans la façon dont il parlait du coach avec qui il a travaillé neuf ans. Et le fait que Danny ait été coach, c’est une partie de sa carrière qu’il a évoqué. Il a été GM, joueur…Personne ne connait mieux la NBA.
Donc, je me suis dit que s’il pensait que ça peut marcher, c’est qu’il a une idée bien précise de la ligue. J’étais moi-même intrigué, et j’en apprenais plus au fur et à mesure de nos discussions, mais je crois que le fait qu’ils aient eu un coach pendant si longtemps, avec un titre mais aussi des années difficiles, était une autre partie intrigante.
Le fait que les Celtics sont connus pour avoir une certaine « profondeur » de caractère – ce n’est pas juste un boulot de coaching en NBA, c’était un facteur ?
Être appelé, c’est flatteur, c’est touchant, c’est gratifiant, mais il faut ensuite faire les vérifications nécessaires. Est-ce que ça peut coller ? J’ai repensé à toutes les personnes qui étaient venues en Indiana et avec qui j’ai discuté, et bien entendu à mes discussions avec Danny, et il m’a semblé que ça pouvait marcher.
Un commentaire rapide sur le fait d’être coach au All-Star Game 2017 à la Nouvelle-Orléans ?
Mes enfants ont adoré. C’était sympa d’être dans une pièce avec tous ces grands joueurs, avoir une chance de passer du temps avec eux, les rencontrer, discuter. Je suis content que les règles du match aient changé. Je trouve que c’était un meilleur match cette année.
Une chose qui me frappe à propos de votre équipe, c’est la façon dont elle défend. Je suppose que c’est plus dur d’appliquer ces méthodes au niveau professionnel qu’à l’université, où les gars sont plus jeunes et on peut leur dire ‘si tu ne défends pas, tu ne joueras pas’. C’est autre chose en NBA, mais pourtant votre équipe est parmi les meilleures défenses.
Eh bien, c’est une chose qui requiert un engagement de la part des joueurs. Il n’est pas seulement question de défendre individuellement mais de le faire tous ensemble, et on a des gars qui se sont continuellement impliqués. Je pense que ça peut se résumer ainsi : si gagner compte réellement, voilà le chemin à emprunter. Tu te mets en position, sur tes appuis, et tu communiques avec les autres. Tu couvres les uns et les autres. Tu identifies et tu analyses ce qui arrive, la menace que tu dois gérer pour l’équipe, et tu es motivé pour mettre fin à chaque possession.
Je crois qu’il faut féliciter Danny et son évaluation de la compétitivité , des joueurs qu’il a choisi pour l’équipe, mais aussi les joueurs pour leur bonne volonté.
D’où vous vient cette emphase sur la défense ? De votre passage comme assistant à Butler ? Quand vous étiez joueur à l’université ?
Je dirais que j’ai dû l’apprendre. Mes coéquipiers universitaires vous diraient que j’étais du genre ‘faites ce que je dis, mais pas ce que je fais’. Je n’étais pas un défenseur très énergique ou motivé.
Mais à Butler nous avions un système incroyable, et la façon dont il était enseigné, pas à pas, créait une mentalité d’aller provoquer des stops. Si vous allez en arrière et que vous vous replongez dans ces équipes, ces statistiques, vous verrez que c’était un gros facteur dans notre réussite lors de ces tournois. Nous avions – comme je viens de le dire pour ces équipes des Celtics – des gars compétitifs, résistants, qui voulaient gagner et qui ont réalisé que c’était une donnée importante.
Et puis, j’ai trouvé que nous étions en phase dans l’exécution du plan de jeu. Nos systèmes à Boston sont totalement différents, mais au crédit de nos joueurs, ils sont vraiment au diapason dans l’exécution. C’est ce qui fait tout.
C’est pour cela que ce n’est pas ce que l’on fait qui compte, mais l’énergie et l’effort avec lesquels ont le fait qui fait la différence. Dans le basketball, presque tout a déjà été fait à telle ou telle époque. Il faut juste trouver ce qui colle à ton équipe et bien l’exécuter.
Comment ont été ces cinq dernières années pour vous ? Avec votre famille, vous avez eu une bonne expérience à Butler. Comment ont été ces cinq ans avec les gens fous de Boston ?
Franchement, c’était très agréable. J’apprécie juste aller au travail tous les jours et travailler à devenir meilleur. Je ne suis pas si intéressant que cela, j’ai une approche quelque peu ennuyeuse. Je crois que cela permet de ne pas trop regarder en arrière, ni trop loin dans le futur. Je préfère juste être dans le moment et faire ce qu’il y a à faire pour apprécier chaque moment.
Je pense que ma famille apprécie énormément. C’était un bon choix de ce point de vue-là. Je n’ai eu aucun problème à rencontrer les agents libres ou leur parler au téléphone, et leur dire combien nous apprécions Boston. Nous étions un peu dans les mêmes conditions il y cinq ans, et avons eu à faire un choix important, et nous sommes très reconnaissants d’avoir eu l’opportunité de le faire.
On essaie toujours de trouver notre chemin sans le GPS, mais à part ça, tout va très bien. C’est une très bonne transition pour notre famille.
Traduction par Lucas Hecker de l’article de Eagle Tribune « Brad Stevens unplugged: C’s coach talks Butler, Gordon Hayward and his five years with the sport’s most storied franchise« , relecture par Léo Hurlin