Kyrie Irving : « Qui ne voudrait pas faire partie de tout ça ? »

Kyrie Irving semble différent. Il vient tout juste de quitter en trottinant le parquet du Auerbach Center après quelques matchs informels avec ses coéquipiers des Celtics, et le haut de son corps, visiblement plus dessiné qu’avant, est en sueur.

Il porte un bandeau, pour maintenir en place sa nouvelle tignasse, et il sourit. Énormément.

Il y a une raison toute simple à cela : il ne ressent plus de douleur.

L’an dernier, Irving devait lutter contre une douleur et une gêne permanentes, causées par les implants médicaux posés en 2015 lors d’une opération visant à réparer sa rotule fracturée. Il fut forcé de mettre fin à sa saison en mars afin de subir deux autres opérations, après quoi il passa le plus clair de son été à peaufiner la rééducation de son genou gauche. À tel point qu’il est convaincu que celui-ci n’a jamais été aussi fort et en bonne santé que depuis trois ans.

« Niveau mouvements, c’est complètement différent, a-t-il indiqué à ESPN vendredi, à deux jours de l’entame officielle du training camp. J’ai bossé sur ma force, et j’ai acquis une meilleure conscience de ce dont mon corps a besoin d’un jour à l’autre. J’ai passé tout l’été à faire en sorte que ma jambe gauche soit au niveau de la droite, et maintenant c’est le cas. »

Irving a affirmé qu’il était prêt à rejouer sans restrictions. Il explique avoir pu tester son genou cet été à plusieurs occasions : avec Jamal Crawford et Zach LaVine à Seattle, aux Bahamas lors d’une petite escapade avec Jayson Tatum et Kevin Durant, puis plus récemment avec ses coéquipiers dans les nouveaux locaux de l’équipe à Boston.

« Le niveau de ces petits matchs est incroyable, assène-t-il. Vraiment énorme. Vous n’avez pas idée de ce qu’il se passe, on a tellement hâte que ça commence. »

Lorsque les Celtics ont acquis Irving en août 2017, le joueur et son agent Jeff Wechsler ont informé Boston que des broches présentes depuis l’opération de 2015 étaient sources de douleurs pour le meneur et qu’il faudrait tôt ou tard y remédier.

« On leur a tout dit, confirme Irving. Ce n’était pas une surprise. »

Il avait espéré pouvoir tenir toute la saison ainsi, mais en mars dernier, il s’est rendu à l’évidence et s’est fait opérer afin de retirer la broche. Puis, en avril dernier, il fallut une seconde procédure, lorsqu’une infection bactérienne fut mise en évidence par des tests. Les chirurgiens retirèrent alors deux vis de son tendon patellaire afin de mettre fin à l’infection. Suite à cette procédure, Irving fut sous perfusion pendant six semaines.

Irving est clair : tous ces problèmes sont à présent derrière lui. Il a tourné le dos à la plupart des activités extra-professionnelles qui l’attendaient lors de l’intersaison pour se concentrer essentiellement sur sa rééducation – un choix qui a porté ses fruits. Il prétend avoir un niveau de confiance dans ses jambes qu’il n’avait tout simplement jamais ressenti lors de sa saison 2017-18 avortée.

« Maintenant, lorsque je vais au panier, développe-t-il, je suis en mesure de faire appel à ma force et mes qualités athlétiques, donc quand je me retrouve dans cette situation, j’ai toutes les options possibles. Aucune limitation, je peux choisir mon arme, c’est beaucoup mieux comme ça. »

Les attentes sont en très forte hausse vis-à-vis d’une équipe de Boston très profonde, et qui est allée chercher sa réussite en défense avant de tout de même manquer du génie offensif d’Irving une fois en playoffs. À la question de savoir si ne pas retourner en Finales de Conférence Est en 2019 serait un échec pour l’équipe, Irving a répondu sans ambages : « Oui. »

À la question de savoir s’il serait déçu de ne pas gagner le titre, Irving a répondu : « Pouvons-nous battre Golden State dans une série au meilleur des sept matchs ? Oui. »

D’où lui vient cette certitude ?

« Des joueurs que l’on a, commence-t-il par expliquer, et de ce que nous mettons en place ici, pas juste cette saison mais pour les années à venir, espérons-le, quelque chose de vraiment spécial. »

J’ai fait trois finales de suite contre Golden State, deux dans lesquelles j’ai pu jouer, et j’ai vu leur évolution, le talent dont ils disposent, puis je les ai vus ajouter DeMarcus Cousins, c’est un peu un avertissement pour toute la ligue.

Mais s’il y a une chose dont ils ont conscience et moi aussi, c’est que je les ai étudiés de près. Je les ai joués si souvent, on a eu cette série qui est allée en sept matchs, je connais le niveau d’exigence pour les battre.

Maintenant, comment le faire comprendre aux gars, leur dire que c’est le haut du panier et qu’il va falloir qu’on se développe de manière immense dans les six prochains mois à venir pour les battre avec de l’assurance ? Pas juste sur un match ou deux, mais sur sept matchs, parce qu’ils sont vraiment balèzes. On parle d’une vraie puissance. »

Irving a confirmé être au courant des rumeurs de free agency qui l’associent à Jimmy Butler et font état d’un désir commun de jouer à New York, mais il nie avoir discuté de cette éventualité avec Butler. De son propre aveu, il n’a pas réellement parlé avec Butler depuis une campagne avec l’équipe nationale, lorsqu’ils avaient discuté avec Durant et Cousins de ce que leurs futurs respectifs pouvaient leur réserver.

« Et ça, c’était en 2016, » a-t-il conclu en riant.

« Qui ne voudrait pas faire partie de tout ça ? demande-t-il ensuite, pointant du doigt l’ensemble du nouveau centre d’entraînement de Boston. Qui ne voudrait pas s’associer avec Jaylen Brown, Jayson Tatum, Al Horford et Gordon Hayward ? Les gens ne cessent de demander : ‘Pourquoi ne s’engage-t-il pas avec Boston ?' »

« Eh bien, c’est qu’il y a des implications financières en jeu. »

Si Irving avait signé une prolongation avec Boston cet été, il aurait laissé potentiellement plus de 80 millions de dollars sur la table par rapport à une re-signature avec Boston l’été prochain après avoir attendu.

« Ça va faire les choux gras de la presse et je l’accepte, admet-il en haussant les épaules. Dans ma carrière pro, c’est une grosse décision. Ça fait officiellement un an que j’ai quitté Cleveland, et je me sens enfin bien acclimaté à Boston. »

« L’an dernier, c’était presque une épreuve. Il s’est passé beaucoup de choses en même temps, et c’était parfois écrasant, pour être tout à fait franc. Toute l’attention aurait dû être portée sur nos axes d’amélioration, comment aider ma nouvelle équipe à gagner le titre, pas sur tous ces bruits extérieurs [par rapport à son départ de Cleveland] qui m’affectaient à titre personnel. »

« Au début, j’ai eu du mal à l’admettre, je voulais tout gérer et garder la tête haute. Il a fallu m’en rendre compte et grandir. »

« Ça ne m’affecte que quand ça affecte mes coéquipiers. Je les mets au courant de tout. Il faut qu’on communique autant, parce qu’il y a peu d’années au cours desquelles on peut résolument viser le titre – sauf quand on est Golden State. »

Irving a reconnu qu’il y avait un embouteillage à certains postes de l’effectif tant le talent est présent, et pense qu’une compétition saine ne fera que les amener plus loin.

« Tout ce qui compte pour moi, c’est cette envie d’excellence, de remporter un titre. Le reste n’a pas d’importance. »

Traduction de l’article d’ESPN « Kyrie Irving hits on knee rehab, season ahead for Celtics and his own future » par Léo Hurlin