Tout ce que vous avez entendu ou lu à propos de la player option de Gordon Hayward est faux.
Bon d’accord, peut-être pas tout, mais ce n’est vraiment pas ce que l’on croit.
Vous avez sûrement entendu dire qu’il dispose d’une player-option de 34,2 millions de dollars qu’il peut exercer durant cette intersaison. C’est beaucoup d’argent, mais c’est aussi, en gros, un nombre inventé. Ce n’est pas vraiment ce qu’il va obtenir s’il choisit de l’activer.
Voilà pourquoi.
La ligue et les joueurs se partagent les revenus liés à l’activité basket des franchises (certains revenus étant hors basket), ces revenus sont appelés BRI (Basketball Related Income). Cela inclut les revenus des droits TV, les billets d’entrée au stade et tout ce qui est directement lié au jeu. La ligue fait une estimation de ces revenus avant la saison, fixe un plafond salarial (Salary Cap) en fonction de ces données, et nous pouvons tous profiter du basket.
Les joueurs récupèrent la moitié de ces revenus. Ainsi, bien que nous entendions des chiffres précis sur les revenus d’un joueur, la somme qui apparaît sur son compte bancaire est en fait un pourcentage de sa part du BRI, selon son contrat.
« Le plafond salarial est une sorte de fondation », a expliqué Ryan Bernadoni dans le podcast de Locked On Celtics.
Bernadoni est un expert en matière de plafond salarial et un ancien blogueur des Celtics.
« (Si un) joueur gagne 5 millions de dollars, il n’aura pas nécessairement 5 millions de dollars. Ce qu’il obtient, c’est 5 millions de dollars divisés par tous les salaires payés pendant la saison. Cela vous donne un pourcentage, n’est-ce pas ? C’est 0,07% du total des salaires multiplié par la moitié des revenus. Et c’est ce que vous obtenez. »
Donc, en gros, le salaire du joueur que vous voyez indiqué n’est pas le chiffre exact. C’est la base d’une formule qui montre la part du joueur. Plus le salaire est élevé, plus la part est importante. Le chiffre final est généralement assez proche des salaires publiés, mais il n’est pas toujours exact.
Pour s’assurer que la répartition est correcte, les joueurs et les propriétaires paient dans un système de dépôt fiduciaire appelé « escrow ». Cette réserve d’argent est ensuite utilisée pour égaliser les choses si l’un des deux camps finit par obtenir trop d’argent.
« Ils prennent 10 % du chèque de chaque joueur et le mettent de côté », explique Bernadoni. « Ces 10 % sont suffisants lorsque, dans des circonstances normales, vous pouvez les ajuster à la hausse ou à la baisse et leur donner la bonne somme d’argent pour l’année ».
Mais ici, ce ne sont pas des circonstances normales. Les joueurs récupèrent normalement une partie ou la totalité de cet argent, mais au mois de mai, la ligue a commencé à retenir 25% des chèques des joueurs en raison de l’interruption de la saison. Les revenus de la NBA ont été fortement affectés, et cette retenue supplémentaire est probablement de l’argent que les joueurs ne verront pas.
Ce qui amène à Gordon Hayward.
La ligue et le syndicat des joueurs n’ont pas encore négocié un nouvel accord post-COVID, mais, quel que soit le système qu’ils ont mis en place, il est probable qu’il y aura une autre retenue à la source anormalement importante. Si la ligue ne peut pas faire venir les fans ou si elle ne peut accueillir qu’un nombre réduit de spectateurs, les revenus de la ligue ne suffiront pas à couvrir les salaires des joueurs que nous voyons actuellement. Le nouveau taux de dépôt « escrow » négocié pourrait atteindre 25 à 30 % afin de garantir une répartition équitable.
Hayward fait donc face à une situation particulière.
En optant pour 34,2 millions de dollars, il est certain que cette somme représentera une part importante de la répartition du BRI entre les joueurs, mais si la ligue conserve la totalité des 25-30% de dépôt escrow, Hayward pourrait perdre plus de 10 millions de dollars par rapport à ce qu’il attendait.
Cependant, s’il choisit de décliner son option et de signer à long terme, il pourrait avoir une première année de contrat à un montant plus faible et échelonner sur les prochaines années. Son apport au dépôt « escrow » sera inférieur et il pourra sécuriser son argent pour les années suivantes si les choses reviennent à la normale.
« Si je suis Gordon Hayward… je peux penser que je pourrais passer outre cette année, que je pourrais décliner mon option et resigner pour un plus long terme à un prix inférieur », a déclaré Bernadoni. « L’avantage c’est que si vous allez perdre 30% de votre salaire en un an, il vaut mieux perdre 30% de 20 millions que 30% de 34 millions. »
L’accord à long terme avec les Celtics lui garantirait quelques années à, peut-être, un montant plus élevé que celui qu’il obtiendrait probablement à la Free Agency, mais aiderait considérablement les Celtics en les maintenant sous la Luxury Tax cette année. Ils seraient en mesure de le récompenser, car, en fin de compte, il leur permettrait d’économiser beaucoup à long terme. Non seulement il leur ferait économiser l’argent de l’amende de Luxury Tax sur cette année, mais il les aiderait aussi à éviter l’amende de répétition, bien plus punitive, pour les années suivantes.
Si Hayward pense qu’il peut aller chercher un autre contrat monstrueux qui surpassera tout ce que l’équipe propose, alors il choisira probablement d’activer sa Player-Option et de faire face à la situation.
Mais dans le monde de la NBA et d’une équipe qui essaie de gagner un titre et de construire autour de deux jeunes stars comme Jayson Tatum et Jaylen Brown sous la structure actuelle du Salary Cap, il y a beaucoup de choses à prendre en compte pour Hayward et les Celtics. La nouvelle réalité financière de la ligue a transformé une décision initialement évidente en un jeu de passe-passe.
« Ce n’est pas la meilleure année pour gagner le plus d’argent possible dans sa carrière ». a déclaré Bernadoni. « Alors peut-être que vous avez rempli vos poches et que ça ne va pas changer grand-chose. Mais si vous voulez rester à Boston, que vous vous plaisez ici, et vous ne voulez pas risquer d’être échangé au Magic ou aux Kings ou autre, alors il y a aussi des considérations financières liées à la COVID qui entrent en jeu ».
Ryan Bernadoni et John Karalis ont longuement discuté de cette situation dans le nouveau podcast de Locked On Celtics. La discussion complète, et le fait de les entendre dans le contexte pourraient vous aider à mieux comprendre les considérations financières.
Traduction de l’article de John Karalis pour MassLive « Gordon Hayward contract: Why his $34 million option is a fake number & why COVID could make him opt-out » par Robin Lamoureux, crédit photo : Kim Klement