Avec pas moins de quatre sélections à venir lors de la prochaine draft NBA, les fans des Celtics ont toutes les bonnes raisons de surveiller cet événement de près.
Après avoir évoqué les différents prospects intéressants pour les Celtics avec le choix #14, je vais aujourd’hui analyser les différents scénarios possibles pour Danny Ainge, le soir du 18 Novembre 2020.
Quelle est la situation actuelle, et pourquoi est-ce si important ?
Après une désillusion en finale de conférences face au Heat de Miami, nous pouvons considérer que les Celtics sont passés proche de faire un retour en Finale NBA, 10 ans après leur dernière apparition.
Avec l’un des effectifs les plus jeunes de la ligue, mené par Jayson Tatum (22 ans) et Jaylen Brown (24 ans), Boston n’a aucun intérêt de tirer la sonnette d’alarme et chercher à bouleverser son effectif. Danny Ainge comptera prioritairement sur le développement en interne de ces jeunes stars et cherchera à peaufiner les détails autour.
Les Celtics auraient donc intérêt à profiter de cette fenêtre ouverte à la conquête du titre, tout en faisant attention de ne pas compromettre leur avenir à long terme.
Est-il possible d’ajouter 4 rookies à cet effectif ?
Au moment où j’écris cet article, Brad Stevens compte dans son effectif 10 joueurs dont le contrat est garanti pour la saison 2020/2021.
Ajoutons à cela Daniel Theis, ayant une qualifying offer de 5 millions dont il est très peu probable que Danny Ainge souhaite se séparer compte tenu de sa production.
Gordon Hayward et Enes Kanter, quant à eux, peuvent décider d’activer leur player option pour obtenir leur contrat garanti courant sur la saison prochaine également. Si nous avons étudié le cas Gordon Hayward en profondeur lors d’un article précédent, il est probable que Kanter décide aussi d’activer son option, compte tenu du peu d’équipes disposant de cap space cet été, et de ses problèmes défensifs.
Nous en sommes donc à potentiellement 13 joueurs.
Arrivent maintenant les décisions concernant Brad Wanamaker et Semi Ojeleye, pouvant tout deux être restricted free agent. Si le General Manager des Celtics souhaite les conserver, il n’y a plus de place pour recruter le moindre contrat garanti au sein de l’effectif.
Une situation problématique quand on a 3 choix au premier tours, tous synonyme de contrat garanti.
Comment naviguer autour de luxury tax et la situation Enes Kanter.
Beaucoup de fans le diront : « pour gagner un titre, il faut être prêt à y mettre l’argent ».
Cependant, il est toujours plus facile d’écrire ce genre de phrases que de poser sa signature en bas d’un chèque de plusieurs dizaines de millions, qui servira à payer une amende.
D’autant plus que, pour être compétitif à long terme, Boston pourrait faire face à l’amende pour répétition de luxury tax (repeater tax), beaucoup plus punitive. Chose que les propriétaires du club n’ont pas coutume de faire.
« Les Celtics font face à une amende de 23 millions de dollars pour être projetés à 13 millions de dollars au delà du seuil de taxe, tout cela avant d’ajouter le moindre joueur. Ce montant pourrait changer selon ce qu’il se passe avec leurs choix de draft et l’option d’Enes Kanter, mais il n’y a pas de scénario plausible où ils reviennent avec le même effectif en restant sous le seuil de taxe. »
John Hollinger, The Athletic
Compte tenu du rôle limité de Kanter, des implications financières et du fait que Robert et Grant Williams aient besoin de temps de jeu pour développer leur potentiel, il ne semble pas souhaitable de le garder.
Hélas, il y a de fortes chances qu’il décide de conserver son salaire de 5 millions de dollars la saison prochaine. Tout d’abord car le marché des intérieurs est plutôt faible ces dernières années et qu’il est peu probable qu’une des franchises ayant de la marge pour recruter cet été considère Kanter comme une pièce de valeur à un prix plus élevé.
Le scénario économe : le « Trade Down »
L’option ici serait de payer une équipe pour prendre Kanter et Poirier (qui jouait rarement cette saison et n’a pas su s’imposer lorsqu’il jouait) en offrant un des choix du premier tour en cadeau (pick 30 par exemple).
Dans le jargon, on parle de salary dump.
Malheureusement, Kanter ne se doit d’informer les Celtics de sa décision que deux jours après la Draft. Ils ne peuvent qu’espérer qu’il les informe suffisamment tôt pour leur permettre de mettre en place un trade le soir de la draft.
Cela serait possiblement facilité par le fait que les Celtics discutent avec son agent pour l’envoyer dans un endroit où il est susceptible de jouer et donc trouver une situation favorable pour lui.
« Il y a deux moyens de faire ça. Le plus simple est d’envoyer Kanter, Poirier et le pick #30 vers une équipe en reconstruction qui recherche un pivot (Charlotte) en échange d’un choix au second tour. Cet échange permettrait d’économiser 9 millions de dollars et d’ouvrir 3 places dans l’effectif.
John Hollinger, The Athletic
Une meilleure solution, mais plus risquée, pourrait être un arrangement où ils échangent le 14e choix, Kanter et Poirier, et récupèrent en retour un joueur d’impact. La cible la plus évidente d’un tel échange serait Larry Nance de Cleveland, qui pourrait jouer 4 et 5 pour eux et qui gagne 11,7 millions, 10,7 millions et 9,7 millions de dollars au cours des trois prochaines saisons »
En fin de compte, si Danny Ainge souhaite naviguer autour de la luxury tax tout en gardant l’effectif compétitif, il semble que la meilleure stratégie consiste à soustraire d’abord et à traiter les ajouts ensuite.
Tout le monde s’excite à propos des possibles recrues à la free agency et des possibles blockbuster trades, mais les prochains playoffs ne seront pas avant au moins neufs mois environ.
Danny Ainge dispose d’une demi-saison avant la prochaine Trade Deadline pour suivre les progrès de ses jeunes joueurs, évaluer ses options et faire des ajouts nécessaires au besoin.
Avec des joueurs comme Robert Williams et Langford en particulier, ce temps sera précieux.
L’option de trade down/out permettrait donc de :
- Libérer des places au sein de l’effectif en attachant un choix de premier tour en appât
- Alléger voire effacer le montant de l’amende de luxury tax
- Libérer des opportunités pour les jeunes joueurs de l’effectif
- Libérer une place pour recruter un joueur vétéran
- Obtenir des choix de second tour, au contrat moindre et non-garanti.
- Obtenir un choix de premier tour pour une saison future.
Après avoir observé la liste des joueurs interviewés virtuellement par le Front Office de le franchise, on peut constater que la majorité des candidats sont projetés à être sélectionnés en fin de premier tour, voire au second tour.
Joueur interviewé | Projection de sélection |
RJ Hampton | 10-25 |
Tyrell Terry | 14-30 |
Desmond Bane | 20-35 |
Isaiah Stewart | 25-40 |
Xavier Tillman | 25-40 |
Daniel Oturu | 25-40 |
Grant Riller | 25-40 |
Paul Reed | 25-50 |
Cassius Stanley | 25-50 |
Killian Tillie | 30-50 |
Payton Pritchard | 35-60 |
Immanuel Quickley | 35-60 |
Jay Scrubb | 40-60 |
Lamar Stevens | 45-60 |
Nate Hinton | 45-60 |
Kenyon Martin Jr | 45-60 |
L’objectif de Danny Ainge serait il alors de chercher à renforcer l’équipe tout d’abord en interne, puis d’y ajouter un joueur de complément, ayant fait ses gammes après plusieurs saisons passées en NCAA et prêt à jouer un rôle rapidement ?
Le scénario de la recherche de talent : le « Trade Up ».
« Avec peu de places dans l’effectif, un échange pour monter à la draft permettrait à Boston de consolider ses choix, tout en obtenant un meilleur prospect. »
Chris Grenham, Forbes
« Un exemple d’échange serait le suivant : Detroit reçoit les choix #14, #26 et Carsen Edwards en échange de son choix #7. »
Comme je l’ai mentionné plus tôt, les Celtics ont l’un des effectif les plus jeunes de la ligue et peu de places pour en accueillir de nouveaux. Je ne suis pas certain qu’ajouter 3 nouveaux rookies à cet effectif, dont le temps de jeu sera probablement très faible, soit la meilleure option pour leur développement.
C’est pourquoi, il pourrait être judicieux pour Danny Ainge de décider d’accumuler ses choix de drafts pour en obtenir un meilleur, et qui correspondra aux besoins spécifiques de l’équipe.
Le trade up est une pratique très courante qui a lieu à presque chaque draft. On se rappelle notamment de Philadephie envoyant son choix #3 (Jayson Tatum) accompagné d’un futur choix de premier tour pour sélectionner Markelle Fultz avec le choix #1.
« Différents scouts et agents ont mentionné que les Detroit Pistons, New York Knicks, Phoenix Suns et Boston Celtics ont manifesté de l’intérêt pour sélectionner plus haut à la draft, leurs cibles particulières sont cependant inconnues. »
Jonathan Wasserman, Bleacher Report
Beaucoup d’analystes considèrent cette cuvée 2020 comme étant très dense, et ayant peu d’écart entre les choix du haut de tableaux et les suivants, avec beaucoup de potentiels role players de grande qualité, à sélectionner tout au long de la draft.
Certaines équipes souhaitant développer des jeunes joueurs pourraient se laisser séduire à l’idée d’échanger leur choix contre plusieurs autres s’ils n’ont pas de coup de cœur pour le top 10 de cette draft.
Quelles cibles potentielles pour un trade up ?
Onyeka Okongwu (USC) – Pivot – 6’9, 245lb (206cm, 111kg)
Stats 2019/2020 : 16,2 pts – 8,6 reb – 1,1 ast – 1,2 stl – 2,7 blks – 61,6% FG – 25,0% 3P – 72,0% FT

Coéquipier des frères Ball lors de ses années lycée à Chino Hills, Onyeka Okongwu est l’archétype de l’intérieur moderne, capable de défendre efficacement sur différents postes de jeu. Son moteur, son athlétisme et ses appuis rapides en font un pilier défensif redoutable, capable de rester en face d’extérieurs rapide au périmètre.
Extrêmement explosif, c’est un parfait rim runner et lob threat, obligeant la défense à faire des choix rapides sur pick & roll. Il a également un excellent toucher, main droite-main gauche près du cercle et son adresse au lancers-francs est encourageante. Okongwu devra cependant travailler sur son tir extérieur, sa dextérité balle en main et son jeu de passe pour exploiter pleinement son potentiel. Sa défense au poste face à des intérieurs plus costauds peut également être améliorée (bien que le post-up soit l’un des schémas de jeu les moins utilisés en NBA)
Comparaison : Bam Adebayo – Ben Wallace – Tristan Thompson
Tyrese Haliburton (Iowa State) – Arrière – 6’5, 175lb (196cm, 79kg)
Stats 2019/2020 : 15,2 pts – 5,9 reb – 6,5 ast – 2,5 stl – 0,7 blks – 50,4% FG – 41,9% 3P – 82,2% FT

Joueur favori des fans de statistiques avancées, Tyrese Haliburton possède une maturité impressionnante dans son jeu et ne semble jamais prendre de « mauvais tir ». Malgré une mécanique de tir peu conventionnelle, Haliburton était léthal cette saison, tirant à plus de 41% de réussite derrière l’arc. Il est également un excellent défenseur loin du ballon grâce à sa capacité à lire extrêmement bien les aides et à couper les lignes de passe. Le meneur de Iowa State adore pousser le tempo d’un match et il excelle à la création en transition où ses passes spectaculaires rappellent Lonzo Ball.
Cependant, Haliburton est frêle et manque d’explosivité. Il peine parfois à contenir efficacement son vis-à-vis balle en main ou à switcher défensivement sur des ailiers plus costauds. Son premier pas peu explosif l’empêche également de créer facilement un décalage balle en main et limite sa capacité à mener une attaque sur demi-terrain.
Comparaison : Lonzo Ball – Shai Gilgeous-Alexander – Malcolm Brogdon
Killian Hayes (Ulm, Allemagne) – Meneur – 6’4, 216lb (193cm, 97kg)
Stats 2019/2020 (Eurocup) : 12,8 pts – 2,3 reb – 6,2 ast – 1,5 stl – 0,2 blks – 45,5% FG – 39,0% 3P – 90,9% FT

Formé à Cholet, le jeune prodige français fait partie des top prospects de cette draft 2020. Il est probablement (avec Lamelo Ball) le meilleur passeur de la cuvée, sa vision de jeu en pick and roll est tout simplement unique et il est capable de servir efficacement et rapidement la meilleure option libre à tout moment. S’il n’est pas le joueur le plus explosif ou athlétique à son poste, Hayes possède toute une panoplie de moves pour créer un décalage. Son step back rappelle un certain James Harden.
En revanche, Hayes repose son jeu sur une trop forte dominance de sa main gauche, ce qui rend son jeu trop prédictible. S’il veut exploiter tout son potentiel au niveau NBA, il devra absolument travailler sur sa main faible.
Comparaison : D’Angelo Russell – Spencer Dinwiddie – Goran Dragic
Isaac Okoro (Auburn) – Ailier – 6’6, 225lb (198cm, 102kg)
Stats 2019/2020 : 12,9 pts – 4,4 reb – 2,0 ast – 0,9 stl – 0,9 blks – 51,4% FG – 28,6% 3P – 67,2% FT

Sans doute le meilleur défenseur à son poste de la NCAA, Isaac Okoro fait partie des profils que Danny Ainge adore : un bulldog, ultra athlétique et prêt à tout pour stopper son adversaire en défense mais dont le jeu offensif a besoin d’être poli (Jaylen Brown, Marcus Smart …). Okoro est capable de stopper son vis à vis, du poste 1 à 4, efficacement. C’est un vrai poison qui fait très peu d’erreurs et saura gagner rapidement la confiance de Brad Stevens.
S’il est très athlétique et capable de finir avec autorité au cercle, sa dextérité balle en main, sa vision de jeu ainsi que son shoot extérieur seront des éléments qui auront besoin de temps et de développement pour devenir une star au niveau supérieur.
Comparaison : Caron Butler – Andre Iguodala – Justise Winslow
Le scénario du botté en touche : Le « Draft and Stash »
Il faut être deux pour danser un tango.
Il est tout à fait possible que Danny Ainge ne trouve pas de partenaire lors du soir de la draft, et se retrouve donc avec des choix à faire.
Si aucun des deux scénarios précédents n’est possible, la solution de repli pour Ainge serait donc de sélectionner des joueurs qui n’intègreront pas l’effectif des Celtics tout de suite et qui iront trouver du temps de jeu à l’étranger ou en G-League.
Les cibles possibles pour cette stratégie seraient des joueurs tels que le français Théo Maledon (ASVEL) ou bien l’argentin Leandro Bolmaro (Barcelone). Bolmaro a par avance annoncé qu’il souhaitait rester en Espagne la saison prochaine, en faisant un candidat idéal pour le pick #26.
Conclusion
Afin de libérer de la place dans l’effectif pour trouver de l’aide de la part d’un vétéran en utilisant la MLE, consolider son effectif et s’assurer une réussite à long terme sans compromettre les finances de la franchises, Danny Ainge dispose de plusieurs possibilités :
• Recruter un joueur étranger tel que Leandro Bolmaro du FC Barcelone avec le 26e choix, ce qui allège les finances et libère une place dans l’effectif.
• Échanger le 14e choix contre un futur premier tour (2021 ou 2022) – ce qui laisserait également le choix dans les mains de Boston pour un trade de mi-saison.
• Les Celtics peuvent également obtenir un choix de deuxième tour et payer ce joueur au minimum de 900 000 dollars, ce qui représente à peine la moitié du minimum vétéran.
• Obtenir un choix plus haut en formant un package des picks disponibles.
« La version la plus modeste de tout cela consiste à NE PAS faire d’échange contre un autre salaire, du moins pas encore, et à échanger plutôt Kanter, Poirier et le 30e choix contre un choix de second tour, à choisir Bolmaro au pick 26 et à le laisser en Espagne, et à échanger le 14e choix contre un premier tour de 2021. »
« La seule dépense de Boston serait d’utiliser la Tax Payer MLE de 5,7 millions de dollars pour un arrière. Sinon, les Celtics comptent sur Langford et les deux Williams pour devenir des options plus fiables au sein de la rotation et avanceront avec ce groupe jusqu’à la Trade Deadline. »
« Ainsi, Boston resterait dans la Luxury Tax, mais pour seulement 10 millions de dollars environ, ce qui lui laisserait un montant plus raisonnable de 16 millions de dollars à verser à la ligue et lui permettrait de garder les comptes propres dans les années à venir. Cette stratégie donne également à Boston une flexibilité maximale à l’approche de la date limite de négociation, car elle préserve la valeur marchande du 14e choix. »
John Hollinger, The Athletic
Article rédigé par Robin Lamoureux, crédit photo : John Tlumacki