Dans la tête de Brad Stevens

Le 2 juin dernier, nous apprenions avec surprise la retraite de Danny Ainge et son remplacement en tant que président des opérations basket par Brad Stevens. Cette décision signait donc la fin de l’ère Ainge, qui aura duré 18 ans et culminé avec le 17ème titre de champion en 2008. Mais elle lançait surtout une nouvelle ère, celle de Brad Stevens et à ce titre cet été s’annonçait particuliérement intéressant pour avoir des premiers indices sur sa façon d’aborder sa nouvelle position. Dans la première partie de son mandat, Ainge avait d’abord brillé grâce à des échanges retentissants et dans un second temps, il avait plus misé sur la draft et les signatures d’agents libres, mais qu’en est-il de Brad Stevens ? Que va-t-il privilégier pour essayer d’accrocher la 18e bannière au plafond ? Nous allons essayer d’apporter un début de réponse à cette question en étudiant de près toutes les décisions prises par les Celtics durant cet été. Commençons donc par une liste chronologique de ces décisions.

  • 2 juin : Danny Ainge démissionne, Brad Stevens est nommé président des opérations basket à sa place

  • 18 juin : Kemba Walker et le choix 16 de la draft 2021 sont échangé au Thunder contre Al Horford, Moses Brown

  • 23 juin : Ime Udoka est nommé coach des Celtics

  • 29 juillet : les Celtics choisissent Juhann Begarin avec le choix 45 de la draft

  • 30 juillet : les Celtics échangent Tristan Thompson contre Kris Dunn, Bruno Fernando et un 2nd tour de draft 2023 et créent une TPE de $9.7M. Ils récupèrent Josh Richardson de Dallas en échange de Moses Brown grâce aux restes de la TPE d’Hayward.

  • 3 août : Evan Fournier se met d’accord avec les Knicks pour un contrat de $78M sur 4ans. Cela se fera finalement par sign and trade ce qui permet aux Celtics de bénéficier d’une TPE de $17M.

  • 4 août : les Celtics se mettent d’accord avec Enes Kanter pour un contrat d’un an au minimum vétéran

  • 11 août : les Celtics se mettent d’accord avec Denis Schröder pour signer un contrat d’un an pour la taxpayer MLE de $5.9M.

  • 17 août : les Celtics se mettent d’accord avec Smart pour une extension de $77M sur 4 ans.

  • 20 août : les Celtics se mettent d’accord avec Robert Williams pour une extension de $54M sur 4ans.

  • 23 août : les Celtics se mettent d’accord avec Josh Richardson pour une extension de $12.4M sur un an.

À la recherche de flexibilité

Nommé le 2 juin donc, Brad Stevens ne perd pas son temps pour agir puisque 16 jours plus tard, il dégaine déjà du lourd avec l’échange de Kemba contre Horford. Cet échange donne le ton de la première partie de l’été qui peut-être résumé en cinq syllabes, fle-xi-bi-li-té. Dans un premier temps, toutes les décisions semblent aller dans ce sens : la sélection de Begarin a la draft qui va passer encore au moins une saison à l’étranger, l’échange de Thompson contre des contrats facilement évacuables, le refus de s’aligner sur la somme proposée à Fournier, l’utilisation du reste de la TPE d’Hayward pour prendre Josh Richardson qui n’a plus qu’un an de contrat, le refus de proposer à des agents libres des contrats de plus d’un an et finalement la signature de Schröder.

Tous ces choix pointaient clairement dans une direction : la volonté de libérer de la place pour pouvoir signer un contrat max avec un agent libre la saison prochaine, la cible évidente étant Bradley Beal. Au-delà de la perspective de le signer gratuitement lors de l’été 2022, ces manœuvres avaient aussi pour effet d’envoyer un message, aux dirigeants des Wizards qui pouvaient commencer à s’inquiéter de perdre leur star sans rien en échange et donc éventuellement être plus enclins à l’échanger avant cette échéance, aux dirigeants des autres équipes susceptibles de monter un échange pour Beal qui seraient sans doute plus frileux sachant que la possibilité qu’il signe aux Celtics à la fin de son contrat existe mais également à Jayson Tatum qui n’a jamais caché son envie de jouer avec son ami d’enfance.

Cette stratégie plutôt radicale peut s’avérer très payante, il semble clair que Boston ne souhaite pas inclure Jaylen Brown dans un éventuel échange pour récupérer Bradley Beal et donc qu’ils ne peuvent pas présenter la meilleure offre aux Wizards. Leur meilleure chance pour le récupérer est donc soit en agent libre, soit de dissuader les autres franchises de présenter une meilleure offre. Mais c’est aussi une stratégie risquée qui empêche les Celtics de vraiment se renforcer cet été, même s’ils s’en sortent bien avec la signature de Schröder pour un an seulement et un montant dérisoire, et d’assurer l’avenir de leur effectif. Dans cette optique, si les Celtics échouaient à signer Beal ou un autre gros poisson l’été prochain, ils se retrouveraient alors dans une position difficile, c’est peut-être pour ça que Brad Stevens a semblé changer son fusil d’épaule dans un second temps.

La carte de la sécurité

La deuxième partie de l’été est lancée le 17 août avec la prolongation de Marcus Smart. Très vite, les prolongations de Robert Williams et, plus surprenant, de Josh Richardson sont aussi annoncées. Les Celtics abandonnent donc la perspective d’ouvrir la place pour un contrat max dans le cap space l’été prochain. Cela ne veut pas dire qu’ils abandonnent totalement la piste Bradley Beal, mais il faudra maintenant passer par un échange ou un sign and trade. Cela ouvre également plus de possibilités aux Celtics et leur évite de mettre tous leurs œufs dans le même panier, s’ils sont intéressés par l’acquisition d’autres joueurs pour renforcer l’équipe ils ont maintenant un certain nombre de contrats qui présentent une valeur intéressante dans un échange.

Mais ce changement d’attitude pose tout de même la question de la relative inactivité des Celtics sur le marché des agents libres. Il y a clairement un besoin dans l’effectif pour un ailier de grande taille pouvant défendre et ainsi reposer un peu Tatum et Brown. Ce genre de profil est très prisé mais certains étaient disponibles et ont signé pour pas grand chose (on pense par exemple à Otto Porter à Golden State). Brad a-t-il vraiment changé d’avis au milieu de l’été et aurait-il pu renforcer encore plus l’équipe ? Ou bien, avait-il déjà l’idée d’attendre que la situation se décante pour profiter des opportunités comme celle qui s’est présentée avec la signature de Schröder ? Impossible de répondre à cette question dans l’immédiat mais on suivra avec attentions ses prochaines décisions pour voir s’il est plutôt du genre à suivre un plan bien établi à l’avance ou s’il est plutôt dans la réaction à saisir les opportunités qui se présentent.

Et maintenant ?

Le socle du projet de Brad Stevens se situe dans la continuité de celui de Danny Ainge, avec comme deux piliers qui semblent inamovibles les Jays. Pour l’instant, Stevens s’est surtout efforcé de défaire les mauvaises décisions prises ces dernières années et de remodeler légèrement l’effectif autour. Il s’en est bien sorti sur ce point mais c’était sans doute la partie la plus évidente. Maintenant, il va devoir faire passer un véritable cap à l’effectif pour redevenir un prétendant au titre, vu qu’il n’a pas investi à fond dans l’équipe dès cette saison. On peut raisonnablement penser que dans sa tête ce cap ne sera franchi qu’avec la venue d’un joueur de gros calibre et pas seulement en améliorant les pièces complémentaires autour de Jaylen et Jayson. Comme on l’a vu, les mouvements de cet été semblent indiquer que cela se fera par un échange. On attend donc impatiemment la suite des événements pour voir ce que Brad Stevens nous réserve.

Article rédigé par Hugo Geindre. Relecture par Jonathan Pham.

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